Putain, 10 ans…

Dix ans déjà depuis le 11 septembre 2001 et la chute des tours jumelles de Manhattan. Peut-être l’un des uniques moments ancrés à ce point dans la mémoire collective de notre génération, les quelques heures durant lesquelles presque tout le monde se souvient d’où il était, de ce qu’il faisait. Psychose. Rarement des images m’auront autant marquée, émue… J’avais 18 ans, j’allais commencer ma deuxième année d’université, je profitais des derniers jours de vacances en squattant chez ma soeur, dans la capitale (à l’époque, Bruxelles, ce n’était pas encore « chez moi », comme ça l’est devenu quelques années plus tard). Ma soeur travaillait dans le World Trade Center, à Bruxelles. Quelle idée d’appeler des tas de bâtiments de la même manière… Durant des mois, cela m’a stressée pour elle, même si c’était totalement irrationnel.

Au moment clé, on se baladait dans City 2, le centre commercial pile à côté de la rue Neuve. Et puis, d’un coup, l’atmosphère est devenue « différente ». Les télévisions de démonstration des magasins diffusaient toutes les mêmes images, atroces, d’un « accident » d’avion qui avait percuté une des Twin Towers à New York. Je me souviens qu’on est rentrées rapidement chez elle, qu’elle a rangé des trucs dans sa cuisine alors que j’étais hypnotisée par l’écran… Incapable d’en détacher mon regard, et de plus en plus paralysée par les images, les informations qui affluaient, les gens qui sautaient… J’ai rarement vu une horreur pareille, ressenti une telle compassion mêlée d’une impuissance terrible. L’amplitude de ces quatre attaques, les moyens employés, tout était simplement horrifiant… C’est bête mais je me souviens de l’épisode de Friends, juste après ces attentats, dédicacé aux habitants de New York. Je me souviens aussi que le générique de la série culte a rapidement changé et que les tours jumelles ont disparu de celui-ci… Comme pour repartir sur de nouvelles bases.

Alors, 10 ans après… Qu’est-ce qui a changé ? A présent, j’ai l’impression que les gens sont plus sur leurs gardes : les attentats nous remplissent toujours d’horreur, mais, c’est triste à dire, on vit avec cette peur. On prend le métro, on circule dans les grands centres commerciaux, on arpente les artères des villes, même en sachant que finalement, on n’est en sécurité nulle part. Le 11/09/01 nous a peut-être rendus plus lucides face à la menace du terrorisme… Plus lucides, mais pas plus puissants face à cet ennemi « invisible ».

Certains vont critiquer le fait qu’on en parle chaque année pendant des jours, mais de mon point de vue, ces images sont toujours aussi choquantes, même après les avoir vues, revues, rerevues… Je n’ose même pas imaginer à quoi aurait ressemblé cette catastrophe si les réseaux sociaux avaient eu en 2001 la même importance qu’aujourd’hui. Vous imaginez ? Twitter, Facebook, etc., au service des victimes et des héros du 11 septembre? Si la mort de Michael Jackson a fait planter Twitter, qu’est-ce que ce drame aurait provoqué… Le temps réel aurait rendu la détresse encore plus palpable et aurait encore plus marqué la conscience collective, si c’est possible. Ou aurait permis une meilleure gestion des émotions, un soutien de masse…

Depuis cette date, on a vu se multiplier encore et encore les T-shirts et autre objets arborant fièrement le logo « I <3 NY »… En soutien à la ville, aux gens, et plus seulement pour faire juste joli. Et moi, j’ai plus que jamais envie de visiter la ville qui ne dort jamais, le melting pot new-yorkais, et de voir la force de cette cité qui a relevé la tête encore plus haut après cette tragédie.

Putain, 10 ans déjà…